Carburants à Belle ile, I: le plein au prix du homard!

8 avril 2023 Par Gerveur Da Viken

12 février 2022 LES CARBURANTS HORS DE PRIX DANS TOUTE LA FRANCE.

LES FRANÇAIS S’ÉMEUVENT ET COMMENCENT À « BOUGER »…

Et à Belle-ile ?? Environ 40 centimes de plus qu’à Quiberon (à réactualiser !)… tout le monde le sait et sait pourquoi : des contrats de délégation tout à l’avantage des privés délégataires : CLT (compagnie ligérienne de transport filiale de Sogestran) pour l’Anatife et CIM (Compagnie Industrielle Maritime) pour la gestion du dépôt, plus un « petit prélèvement local » instauré par l’ancien président de la CCBI pour financer l’entretien que la CIM ne veut pas faire.

Cherchez l’erreur !

UN PETIT RETOUR EN ARRIERE S’IMPOSE

Déjà en 2007, Belle-Ile manifeste

« Le plein au prix du homard. Pédalez smicards ! » 

En 2007, contre l’augmentation brutale des prix à la pompe (1,47 au lieu de 1,34), les Bellîlois manifestaient en masse : 15 avril, 20 mai, 27 mai, 14 juin, 12 septembre. Le RITM (Rassemblement Insulaire pour le transport Maritime) s’emparait du sujet en même temps que de celui du renouvellement de la DSP transport maritime au 1er janvier 2008…

Que s’était-il passé ??

Après le terrible naufrage du pétrolier « Iles du Ponant », la construction de l’Anatife décidée en 2003 par le syndicat mixte de transport d’hydrocarbures créé par les départements du Morbihan et de Vendée avait entraîné en 2007 la suppression de la subvention transport de 104,42 € /m3 du Conseil Général :

Le coût du transport était ainsi passé de 31,58 € à 75,61 € par mètre cube. L’Anatife (Délégataire Marine Energie) assurait par contrat 54 rotations à prix fixe quelle que soit la quantité transportée 

Le coût de la gestion du dépôt de Haute Boulogne : Total s’était désengagé au 1er janvier 2007 de la gestion du dépôt, et la CCBI, refusant de la prendre en charge en régie, l’avait confiée par DSP à la CIM (Compagnie Industrielle Maritime) qui prenait à cette date une marge bénéficiaire HT de 40 €/m3, s’ajoutant aux frais de dépôt (29,12) et de livraison (6,25) et tout cela du jour au lendemain (1er février 2007).

Et la CIM demandait plus récemment à la commune de financer certains travaux… par une augmentation « autoritaire » du prix du litre à la pompe, qui a soulevé des oppositions et perdure.

UNE DÉCISION SANS DISCUSSION

14 décembre 2021 conseil de la CCBI

« JE (sic) préfère payer le produit cher à la pompe plutôt que payer moitié moins cher mais ne pas en avoir tous les jours ». (Madame Annaïck Huchet, Présidente,)

 

Le pipeline acheminant les carburants du bassin au dépôt étant hors d’usage depuis 2019, une étude de faisabilité relative à la gestion de l’approvisionnement de produits pétroliers… » a été demandée en janvier 2021 par la CCBI à un bureau spécialisé (Eureteq spécialiste ingénierie en canalisation hydrocarbures ) pour un coût prévisionnel de 50 000 € HT, couvert par un auto financement « maximum » de 20 000 € HT et 30 000€ HT de subventions.(on ne connaît pas le coût réel).

Le Conseil de la CCBI, réuni le 14 décembre 2021, a pris connaissance du résumé synthétique de l’étude

L’étude faite par Eureteq (50 000 € HT – auto financement de 20 000€ HT) propose six choix appelées « scénarios » pour l’approvisionnement en produits pétroliers, dont trois proposent un basculement sur une logistique camions avec baisse immédiate des prix à la pompe. (les informations sur le financement des investissements ne sont pas communiquées) 

 

LES TROIS CHOIX AVEC UNE BAISSE DES PRIX À LA POMPE

Les 3 projets présentés ont en commun le transport de camions citernes rouliers privés (comme à Groix où les carburants sont transportés par la Compagnie Océane.) Projet très abouti proposé par Seaway avec le Quehan). Seaway approvisionne d’ailleurs les pêcheurs en gazole pêche, grâce à l’intervention du maire de Palais, Monsieur T. Grollemund, qui s’est appuyé sur une décision européenne. Ce bateau peut passer trois camions en une rotation et faire 3 voire 4 AR par jour.

Pour une consommation annuelle moyenne de 3800 m3, tendant à diminuer lors des prochaines décennies (CCBI : Projet piste cyclable// projet véhicule électrique) il suffit de 97 rotations avec 3 camions de 13 m3 une trentaine de jours/an. La circulation des camions serait donc très limitée et facile à sécuriser. Et dans la balance l’argument de la fragilité du quai pèse peu car les 2,7 M€ pourraient peut-être servir à une consolidation qui sera en tout état de cause nécessaire à court terme.. Nous ne pouvons pas nier la saisonnalité des consommations de carburant. Il y aura donc plus de camions l’été que l’hiver. Il faudra donc chercher de la saisonnalité dans les horaires.

Les trois options envisagées diffèrent par l’organisation à terre :

Projet 1 (scénario 3) Les camions approvisionnent directement le dépôt. Gestion du dépôt par délégataire ? ou ENEZIA? (économie moins marquée à la pompe mais sur l’investissement pipeline OUI) coût 180 000 €

Projet 2 (scénario 4) Approvisionnement des distributeurs et des grosses entreprises (par exemple l’Hôpital 600 m3, entreprises du bâtiment insulaires, bennes à ordures ménagères, bus) en direct par les camions mais conservation d’un petit stockage minimum de sécurité la gestion pouvant être assurée localement par un salarié de la CCBI ou ENEZIA (La gestion est conservée par la CCBI ou un délégataire, le prix sera un peu plus élevé mais gain également par rapport au renouvellement du pipe) coût 230 000 € + 0,4 M€ par an

Projet 3 (scénario 5) idem scénario 4 mais pas de stockage donc pas de dépôt et de délégataire.

(Gain maximum à la pompe, mais rappelons que le distributeur a la main sur sa marge. Les distributeurs de carburant s’organisent en conséquence, les entreprises mutualisent leurs besoins. Les particuliers pourraient – pourquoi pas – se faire aider par les mairies ou la ccbi sur la logistique des commandes (fuel domestique) coût 360 000 €

 

LES TROIS AUTRES CHOIX SANS BAISSE DES PRIX À LA POMPE

Les 3 projets présentés conservent tous la logistique actuelle : Anatife, pipeline, dépôt géré par la CIM), prix à la pompe que nous connaissons déjà,

Manifestation de 2007 contre le prix du carburant à Belle ile

Projet 1 (scénario 1) Maintien de la configuration actuelle

Projet 2 (scénario 2a) Maintien de la configuration actuelle avec remplacement du pipeline et sa prolongation – enfouie dans le chemin de halage sous la Citadelle jusqu’au poste de nuit du Bangor (coût 2,7 millions d’euros)

Projet 3 (scénario 2b) Dépotage hors du port (coût 5,5 millions d’euros)

Pourquoi le 14 décembre 2021 le Conseil de la CCBI adopte-t-il sans discussion le choix de la Présidente qui élimine d’entrée les trois solutions permettant la baisse des prix à la pompe ?

Ce « scénario » conserve la logistique actuelle avec remplacement intégral du pipeline à partir du dépôt et sa prolongation jusqu’au poste de nuit du Bangor (coût 2,7 millions d’euros).

Seraient maintenues les deux Délégations de Service Public (DSP) (fin d’année 2022) attribuées à CLT pour l’Anatife et à la Compagnie Industrielle maritime (CIM) pour le dépôt. Ce choix ne permet pas une baisse des prix à la pompe (hors variation des cours du pétrole). 

La question a été posée par Gerveur da viken par voie de presse (voir les articles dans Ouest-France, le Télégramme le 24 décembre, et celui publié intégralement par l’ABP, puis sur belleileendiagonales, enfin relayé sur facebook)

La Présidente, devant un conseil muet, sans discussion préalable, sans vote sur chacune des options, a rejeté d’emblée les options 4, 5 et 6, car « si on passe au privé on ne contrôle plus rien ». « JE (sic)préfère payer le produit cher à la pompe plutôt que payer moitié moins cher mais ne pas en avoir tous les jours ».

Ce vote expéditif est passé largement inaperçu …contrairement à la décision de 2007… On s’interroge sur la valeur argumentaire des déclarations de la présidente. Il est loin d’être sûr que cet avis soit partagé par la majorité de la population de l’île. : il ne faudrait pas se faire trop d’illusions sur l’importance des revenus des Bellîlois.

Quant à l’affirmation « si on passe au privé on ne contrôle plus rien » on ne peut que penser que la Présidente ne peut ignorer qu’une DSP (délégation de service public) pouvait s’appliquer dans tous les cas.

Alors pourquoi 5500 habitants semblent-ils accepter sans broncher une décision prise par des élus délégués par les conseils municipaux sur proposition de la présidente, elle-même choisie par ces élus, sans discussion, et surtout sans que les habitants aient été informés des 6 options possibles, leurs avantages et inconvénients respectifs donc sans la moindre concertation locale préalable. Pourtant c’est bien à cela que servait le bureau d’étude EURETEQ, non ? (EURETEQ qui a pour client TRAPIL, exploitant le plus important réseau d’oléoducs français, dont le groupe CIM est actionnaire à hauteur de 49,75%)

Les élus des 4 communes appelés à voter ont-ils eu l’opportunité de mesurer l’impact à long terme des chacune des options proposées par le bureau d’études, de peser le pour le contre et de consulter la population ? On peut en douter si on considère l’absence de discussion au Conseil du 14 décembre.

Notons que la Mairie de Le Palais a adopté une version camion pour le volet pêche. Cela signifie-t-il qu’elle s’est positionnée pour ce choix ?.

Les deux délégations de service public (CLT : compagnie ligérienne de transport, filiale de Sogestran pour l’Anatife et CIM pour la gestion du dépôt) ont été renouvelées récemment. Nous avons demandé en vain que les négociateurs revoient les conditions financières et suggérions une formule moins coûteuse pour le dépôt.

On dépensera donc 2,7 millions d’euros pour l’installation d’un pipeline pour un prix à la pompe calculé comme actuellement alors que d’autres options moins coûteuses pour la collectivité (360 000 € par exemple) entraînaient un prix beaucoup plus bas pour le consommateur. Les électeurs sont fondés à exiger des explications.

 

Gerveur Da Viken