Des graines au coeur de nos vies - 2
Complément du premier article « Des graines au cœur de nos vies » publié le 27 janvier 2023.
Des initiatives citoyennes possibles à Belle-Île :
Habitants insulaires, comment pouvons-nous soutenir les quelques projets locaux décrits dans le premier article et qui nous donnent de l’espoir ? Voici quelques idées qui peuvent être complétées :
Nous pouvons nous informer en rencontrant les agriculteurs bio à la ferme, lors des portes ouvertes et en profiter pour remplir notre panier de légumes et de produits transformés sains et locaux. Il existe d’autres points de vente comme les marchés, le Coin des producteurs, etc.. Nous pouvons aussi soutenir les projets de fermes respectueuses de la biodiversité.
Nous pourrions aussi réfléchir entre jardiniers, maraîchers, transformateurs et consommateurs au cours de soirées à thème. L’objet serait de se doter de moyens d’actions citoyennes concrètes, individuelles ou collectives, afin d’entretenir la biodiversité cultivée et de réutiliser des terres abandonnées sans léser les paysans. Cela pourrait concerner, par exemple, la culture, la récolte, la conservation et l’échange de graines de variétés paysannes ainsi que les savoir-faire, etc..
Et puis, si vous avez un potager, échangez vos idées et vos graines « coup de cœur » en apprenant à les récolter avec un livre de référence pour les jardiniers et les professionnels. Surtout, refusez les graines F1, arnaque de l’agro-industrie qui oblige à acheter des graines chaque année. En effet, les hybrides F1 sont issus d’un croisement entre deux variétés pures. L’obtention d’une variété pure commence par le croisement de deux individus d’une même variété ayant un intérêt sur le plan agro-industriel. Les individus issus de cette première étape sont sélectionnés et autofécondés jusqu’à l’obtention d’une lignée pure dont les individus sont très homogènes. Ce procédé, long et coûteux, n’est pas naturel. Un hybride F1 perd en variabilité génétique, il donne de beaux légumes la première année mais à faible valeur nutritive et gustative. Les légumes issus de cette culture sont impropres à la récolte des graines, donnant n’importe quoi, voire rien lorsqu’elles sont ressemées. Faites plutôt confiance à des associations comme Kokopelli ou aux petits grainetiers membres du Réseau Semences Paysannes, qui se fournissent auprès d’agriculteurs impliqués dans l’agroécologie.
Cultivons des variétés locales ou adaptées à notre île :
De même, et pour notre plus grand plaisir, retrouvons et échangeons les semences de variétés locales comme le magnifique et savoureux Coco de Belle-Île qui a fait une courte apparition chez des petits semenciers. Autre variété locale, moins connue, le navet de Belle-Île est pourtant une plante aromatique à redécouvrir. Autrefois, on la cultivait dans une terre enrichie en azote par l’apport de broyat d’ajonc et elle était très prisée au-delà de l’île. Sa racine étant peu développée, nous mangeons plutôt les feuilles de ce navet. C’est en bouquet avec d’autres herbes qu’on l’utilise pour parfumer les haricots, le poulet, le mouton. On peut aussi ajouter des feuilles du délicieux chou de Lorient. Pour participer à la sauvegarde de ce navet très ancien comme du coco de Belle-Île, la conservation et le partage de leurs graines sont vivement conseillés.
Comme les variétés bretonnes rustiques et goûteuses, de nombreuses autres variétés s’adaptent bien à Belle-Île sous certaines conditions. En effet, il est nécessaire d’utiliser des graines saines et une culture respectueuse du vivant. Car, n’oublions pas que les graines, elles aussi, sont vivantes et transmettent ce qu’elles ont de meilleur, ou de pire. Nous devons donc être vigilants à toutes les étapes de la culture d’un légume et de la récolte des graines jusqu’à leur stockage. Cela s’apprend et peut apporter beaucoup de plaisir. Quelques ouvrages peuvent nous aider, parus notamment aux éd. Terre vivante ou Terran.
Pour en savoir plus :
– « La fabrique des pandémies » de Marie-Monique Robin, éd. La découverte.
– « Produire ses graines bio » de Christian Boué, éd. Terre vivante.
– « La graine de mon assiette » de Véronique Chable et Gautier Chapelle, éd. Apogée.
– « La croissance verte contre la nature » d’ Hélène Tordjman, éd. La découverte.
– « Notre pain est politique » par le Groupe blé avec Mathieu Brier, éd. De la dernière lettre.
Anne-Marie Moulinier, association des Amis de la Décroissance – Belle-Île en mer.